Pilote de course moto sur route : Richard Vuillermet

Pilote de course moto sur route : Richard Vuillermet

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La course sur route, voilà un univers plutôt discret de la moto. Et si le Tourist Trophy est légendaire, les épreuves en France sont tout aussi excitantes. Pourquoi l 'évoquons-nous ? Parce que dans cet article, nous te présentons Richard, un pilote qu'Ixtem Moto est fier de sponsoriser. Depuis ses débuts en course de côte jusqu'à son arrivée au Manx GP, il nous dit tout sur ce milieu assez mystérieux. Peut-on vivre de cette passion ? Que ressent-on sur le mythique tracé du Tourist Trophy ? Ses plus grosses gamelles ? Prêt, Feu, Gaz ! Bonne lecture !

Bonjour Richard, cela fait maintenant 12 ans que tu pratiques la course moto sur route. Peux-tu nous raconter tes débuts ? Existe-t-il une progression classique dans ce milieu, peut-être une école ou des stages ?

Une progression classique, non, je ne pense pas, cela se fait au feeling de chacun. Moi qui n’apprécie pas vraiment le circuit, je suis pourtant contraint d’en faire. Je m’amuse davantage sur route. Est-ce-qu’il existe des écoles ? Oui, j’y prends des cours de pilotage pour trouver la bonne trajectoire et gérer les freinages. Et oui... venant du rallye voiture, j’ai une tendance à piler très tard. Alors il est clair que je n’ai pas le style le plus beau, mais j’ai la vitesse.

Richard Vuillermet - pilote de course moto

A quels types de course moto sur route as-tu participé ?

J’ai débuté par la course de côte pour le fun, en même temps que ma fille. En 1994, je termine 3ème au championnat malgré l’accident (dont je parle plus loin dans l'article). En 1995, je décroche le titre et effectue ma première course en Angleterre.

Je fais parfois du circuit, mais je vais surtout te parler de mes road races (mes favorites). J’ai participé à l’open Trophy de Chimay, à la course 400 à Gedinne, l’année dernière à la Coockstown 100 avec le record des français, ainsi qu’à la Tandragee (seulement les essais car la course fut annulée).

Je roule aussi en Tchéquie pour les « 300 courbes de Gustave Havel ». Un tracé de fou, des gros dénivelés et une ambiance magique ! Certains appellent cette course le Tourist Trophy tchèque. Sinon deux tracés anglais. D’abord, la mythique Cadwell park que j’adore pour son saut, c’est une folie. Et le second : Anglesey au Pays de Galles avec une superbe vue sur la mer pendant la course. C’est l’une de mes meilleures place : 4ème, que j’ai obtenu après une énorme remontée de 37 places !

Autrement, à l’étranger, j’ai découvert l’année dernière le circuit d’Alcaras. C’est à l’ancienne, très fun. 6 heures seul en selle, mon derrière va s’en rappeler longtemps ! La Scarborough Spring cup, où j’ai fini 4ème sur le mouillé. J’adore ! Le moment mémorable ? J’y ai rencontré John Mc Guiness ! Cette rencontre fut à l’origine de mon arrivée au Manx. Le boss himself m’avait demander de venir rouler avec « eux » au Classic après m’avoir vu chevaucher ma mamie Stinger. ET donc j'ai pu participer au Manx dans plusieurs catégories.

Richard Vuillermet - pilote de course moto

Es-tu tout seul ou entouré de toute une équipe ?

Comme équipe, principalement au Manx j’ai ma compagne qui gère toute la partie administrative et quelques copains comme Lionel qui pose ses congés pour m’accompagner et m’aider. Ponctuellement, des amis me donnent des coups de main. Cependant, je suis régulièrement seul comme par exemple en Tchéquie.

Comment s’entraîne-t-on en tant que pilote ? Existe-t-il une préparation physique particulière ?

Avant mon accident, je faisais de la course à pied, mais désormais cela m’est interdit. Du coup, cette année ce sera vélo et balade en trial. Depuis plus de 20 ans, je suis obligé de faire des assouplissements pour conserver une certaine mobilité suite à mes différents handicaps invisibles. Pour le Manx il faut travailler la résistance et l’endurance, car quatre tours à ces vitesses imposent une concentration de tous les instants. La fatigue faisant, on peut la perdre et là, le drame peut vite arriver.

Avec quelle moto roules-tu lors des courses ?

Selon les courses, je roule avec :

  • 250 Ninja
  • 400 ZXR de 1990
  • 750 Stinger (qui va cette année laisser sa place à un M 1995)
  • ZX6r de 2009

Toutes ces motos sont fabriquées maison. Elles ont toutes de gros freins, des moteurs revus et surtout de super châssis avec soit du Maxton ou du Ohlins.

Richard Vuillermet - pilote de course motoRichard Vuillermet - pilote de course moto

Quels sont tes équipements de motard ?

Au quotidien, je porte mon superbe casque Nexx Xg 100S full carbone (utilisé sur certaines courses aussi), un régal de confort. Ensuite, je ne quitte jamais mon cuir RST (Brandish, un de mes virages préférés là-haut), une dorsale (celle de course) et des Rangers coquées.

Sinon pour la course sur route, j’avais un airbag filaire Helitte. Malheureusement, à cause des règlements, il n’est plus autorisé. Cette année, ce sera donc dorsale et protection thoracique seulement. C’est la bêtise des règlements actuels qui t’imposent de rouler sans protection si tu n’as pas les moyens de t'acheter le dernier cri.

Roules-tu aussi à moto en dehors des rallyes (trajets du quotidien), balade dominicale, voyage au long cours...) ? Et d'ailleurs, ça conduit quoi comme bécane au quotidien un accroc à la vitesse comme toi ?

Oui, je roule essentiellement en bécane. Certaines années, j’ai parcouru jusqu’à 60 000 bornes. Avec quoi ? La Stinger bien sûr, mais revue, avec châssis préparé Ohlins et freins Beringer. Le reste ? chhhut, c’est un secret.

Richard Vuillermet - pilote de course moto

Comment as-tu attrapé le virus ? Quels sont les idoles ou les événements qui t'ont donné envie de te mettre en selle ?

Attrapé le virus, je ne sais pas, mais j’ai eu la chance de grandir dans les années 70/80. Dans ces années-là, la voiture et la vitesse n’étaient pas le mal incarné. Chaque week-end, il y avait de la bécane, du rallye, de la F1…. Tu ne pouvais que devenir passionné ! Et en même temps, j’ai toujours aimé le risque, grimper partout, essayer d’aller le plus vite possible que ça soit en vélo, en luge, en ski… Je me souviens aussi de mon premier tour de moto quand j’avais 4 ou 5 ans dans la cour de mon bâtiment. Un régal !

Pour moi les idoles c’était Alain prieur, Jean Michel Bayle ou encore Steph Chambon en Super Motard. Bien sûr, il y a aussi Rossi, Regis et Laconi.

D'ailleurs, arrives-tu à vivre de cette passion ? Ou bien as-tu un métier en parallèle ? Faut-il vendre un rein afin de préparer sa bécane pour courir ? On se demande souvent à quel moment d'une carrière peut-on en faire son gagne-pain ?

En vivre ? Lorsque tu commences à mon âge, il ne faut même pas y penser. Obtenir des sponsors comme avec Michel d'Ixtem Moto, c’est déjà top. Ça permet de limiter les frais. Ensuite, cela occupe tous mes jours de repos, mes week-ends, mes vacances. Alors forcément, je m’entraîne moins que je ne le souhaiterais, mais c’est le jeu lorsque tu es amateur. À moins d'être anglais ou irlandais, il ne faut pas espérer pouvoir en vivre (notamment dans les road races).

Richard Vuillermet - pilote de course motoRichard Vuillermet - pilote de course motoRichard Vuillermet - pilote de course moto

On ne va pas se mentir, la course moto est un sport dangereux. Ce risque constant crée-t-il des liens entre compétiteurs ? Existe-t-il une solidarité particulière entre pilotes ?

En road races, absolument. Il y a un état d’esprit totalement différent de toutes les autres courses. Du premier au dernier, le risque est le même. Le public aussi a ce respect pour tous les pilotes car ils sont pilotes, point.

J’ai rencontré en course sur route des gens beaucoup plus ouverts et accessibles que certains « champion » de course de côte côtoyées plusieurs années sans un bonjour… Chez les british, un Mc Guiness ou un Dunlop prendra toujours le temps de répondre à un hello ou te donner un conseil. Dans les paddocks, la solidarité est incroyable. J'y trouve la même atmosphère humaine que dans les années 70. On va se porter un outil, un moteur, n'importe quoi pour aider un pilote à terminer une course.

Richard Vuillermet - pilote de course moto

Tu as participé au MGP, aussi appelé Manx, la version "amateur" du Tourist Trophy. Peux-tu nous raconter ton expérience ? Était-ce pour toi un but ultime ?

Oui, Manx GP (moins, voir pas connu ici en France), petite sœur du Tourist Trophy et passage obligatoire pour accéder au TT un jour. Un but ultime ? Je ne sais pas mais rêve oui. Ayant débuté la dernière année où je le pouvais, je savais que le TT ne me serait jamais accessible. Parcourir ce tracé magique est un rêve absolu, un régal de tous les instants. Ma première arrivée fut vraiment inoubliable. Rouler sur cette île fabuleuse était un rêve que je partageais avec mon meilleur pote malheureusement disparu.

But ultime voudrait dire qu’il n’y a plus rien derrière, alors que non. Il y aura par exemple Macao à venir prochainement, ainsi que quelques circuits anglais sur lesquels j’aimerais rouler (Brands Hatch, Silverstone), et aussi en Irlande, Armoy, Tandragee en course, Skerries… Le but ultime de tout cela reste le PLAISIR !!

On veut du croustillant. Quelle est ta pire gamelle, le crash dont tu souviendras toute ta vie ?

Du croustillant ? Je vais vous en donner deux :

Le premier était lors de ma 1ère saison de côte complète alors que j’étais en tête du championnat. Lors de la course de côte de Marchaux 2014 (la seule fois où j’ai mis des pneus racing en côte), je suis sur la ligne. Prêt à décoller... Et ??? arrêt de course... 10/15 minutes plus tard, c'est reparti. Prêt ! Gazzz ! Seulement, mon pneu avant avait refroidi. Dans le grand gauche sous la buvette, je perds l’avant tellement vite que je n’ai pas le temps de dire merde. Visière par terre. S'en suivent quatre roulades où à chaque contact avec le sol, je sens que ça casse. Sur la vidéo de Lolo Cochet, on entend ma bécane rebondir .On dit qu’en course de côte « on ne se fait pas mal », mais j’ai quand même eu au total 7 fractures dont 2 vertèbres et une luxation d’épaule.

La seconde gamelle ? L’année de mon premier Manx, je venais de terminer 12ème newcommer. J'attaque mes derniers essais avant la senior race, je m’arrange pour partir dernier. Je rattrape alors un pilote super rapide dans les bouts de droits mais très lent en technique et courbes. Nous atteignons l’entrée de Kirk Mickael (la descente au milieu des maisons blanches). Je sais que j'ai l'espace pour doubler. Rétrogradage, frein, extérieur et là !!!! Là, le type change de ligne alors que cette série de 3 courbes peut s'enchaîner ! L'ignorait-il ? Sûrement. Je fais un écart. Le mur est juste devant. Je sais que je vais me le faire. Les heures d’entraînement me permettent alors d'avoir les bons réflexes et de réagir rapidement pour limiter la casse. Je vise le trottoir en essayant de me prendre le mur en le longeant le plus possible. Dernier souvenir ? La mousse de protection qui s’écrase sur mon casque. Je rouvre les yeux dans l’hélico, puis à l’hosto, avec ma femme à mes côtés. Rassures-toi, j'ai réussi à y rouler de nouveau et à y prendre du plaisir comme jamais.

Une carrière à moto peut être ponctuée de frustration. Machine en panne, erreur de pilotage, quelle a été pour toi l’expérience la plus rageante ?

Oui, effectivement la course est faite de bonheur et de déception. La dernière et la plus frustrante fut encore sur l’île de Man. Je te raconte. En 2022, le ZX6r est au top : full Maxton au niveau châssis, freins Beringer et surtout pour la première fois un moteur de dingue.

J’arrive donc fin prêt, mais ?? À cause d’un capteur de chute mal placé, j’ai dû me battre avec des coupures sur chaque gros freinage... Dépité. Résultat ? En ayant jamais roulé aussi vite, je termine dernier (heureusement en dépassant les 100 miles de moyenne mais quelle colère). En reprenant les chronos intermédiaires, j'étais dans les 30 premier au classement général ! T'imagines la frustration ? Alors c'est décidé, cette année : ce sera revanche et résultat pour les 100 ans du Manx Gp. Qu'on se le dise !

On espère que cette plongée dans l'univers de la course moto sur route t'aura plus. Ce qu'on retiendra ? La solidarité géniale qui s'opère en arrière-plan. Et oui, tous les pilotes sont sur le même pied d'égalité face aux dangers. Il ne nous reste plus qu'à dire Merde à Richard pour ses prochaines courses !

----> Tu peux suivre ses aventures sur facebook et youtube.

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