Pourquoi rouler en sidecar ? Quelles sont les choses à savoir avant de débuter ?

« Rouler en sidecar, c’est jouir des inconvénients de la moto et de la voiture. » Mais alors quoi ? L'unique plaisir du motard serait de doubler en interfile les voitures dans les bouchons ? Mouai... Nous dirions plutôt que le trois-pattes combine le meilleur de la moto et de la voiture ! Cet étrange tricycle permet lui aussi d’être en contact direct avec les éléments extérieurs, de profiter du grand air, de ressentir les odeurs, le soleil (et la pluie)… C’est surtout un véritable vecteur de rencontres et de partage ! Alors le sidecar est-il simplement une moto bizarre ? Ou est-ce un peu plus que ça ? Plongeons ensemble dans ce monde fou des trois-roues !

En voyant débouler une moto à trois roues, on est en droit de se demander ce qui peut pousser des gens normaux à atteler une baignoire à leur bécane. Et bien historiquement, le sidecar est un véhicule utilitaire. C'est-à-dire ? Et bien, c’était un moyen de transport bien pratique pour les ouvriers sans écu. Et ouais, une mobylette + une caisse en bois = un utilitaire pour aller bosser. Accessoirement, ça permet aussi de transporter femme et enfant. Durant la guerre, le side-car se révéla être un outil pour déplacer son infanterie ainsi que des petites pièces d’artillerie rapidement et sur terrain accidenté. On pense notamment aux BMW R71 attelée ainsi qu’aux illustres Ural soviétiques.

Et de nos jours ? On ne va pas se mentir, le besoin de tracter un mortier de 120mm se fait un peu moins sentir. Le sidecar est donc devenu un véhicule de loisir et de voyage. Et force est de constater qu’il y en a pour tous les goûts. Du Mash family 400 pour aller chercher le pain avec les petits-enfants, au franchisseur incroyable qu’est l’Ural à 2 roues motrices en passant par l’Hayabusa attelée montée sur des jantes de voitures : les déclinaisons sont infinies. !

Un véhicule tout-terrain (ou presque)

Sa troisième roue limite considérablement le risque de chute (mis à part quelques exceptions que nous abordons cet aspect plus tard dans la rubrique : « comment ne pas se viander en virage »). Toujours est-il que le sidecar est l’attelage idéal pour affronter la pluie et la neige sans craindre de perte d’adhérence ou pour faire du tout-terrain avec un passager.

Une moto tout confort pour le passager

Un point fait consensus : le singe est choyé. Le quoi ? Le singe, la personne assise dans le panier. Et si tu trouves que ce sobriquet est un tantinet péjoratif, rappelle-toi qu’à bécane le passager est aussi appelé « sac de sable ». Guère mieux, non ? Bref, le confort apporté par l’habitacle du panier – qui peut être complètement clos – permet de partager la passion de la moto avec quelqu’un rebuté par l’idée de voyager ou de se balader en position de grenouille derrière une sportive. C'est aussi idéal pour partir en virée moto avec son chien et ses petit-enfants. Selon les modèles, il permet même de transporter 3 voire 4 personnes !

3ème point en faveur du sidecar ? La capacité d’emport

Et ouais, le panier regorge de moult points d’accroche pour sangler sacoches, sacs et valises en tout genre. Certains modèles disposent même d’un coffre. What else ? Tu n’auras donc plus aucune excuse pour ne pas emmener ta superbe collection d’accordéons en roadtrip.

Enfin, le sidecar offre des sensations de conduite uniques

Il est difficile de le réaliser sans être passé par la case essai routier. Et puis, comme à moto, tu t’offres aux éléments extérieurs et aux autres. Et oui, le sidecar est aussi un déclencheur de rencontres sans pareil. Lors des arrêts, il est courant que quelqu'un vienne jouer les curieux avec un grand sourire.

L’encombrement, un faux défaut ?

N’y allons pas par quatre chemins, cet appendice – appelé panier, baignoire ou cercueil – présente quelques contraintes. La première ? L’encombrement. En sidecar, il est plus compliqué de se garer qu'à moto. Quant à la progression en interfile, il faudra faire une croix dessus. Toutefois, il ne nous semble pas que slalomer entre les voitures soit l’essence même de la moto.

Là où le bas blesse ? C’est au portefeuille

En effet, faire atteler sa GS préférée coûte cher. En plus du prix de la bécane, il faut ajouter à cela l’achat du panier, la fabrication du châssis, son assemblage sur la moto ainsi que l’homologation. L’option la plus abordable ? Opter pour un sidecar déjà assemblé. Ural rétro, Mash family, Chiang Jiang Dynasty : autant de modèles qui permettent de s’offrir une première expérience du trois-pattes pour un prix modéré. Attention par contre, avec une cinquantaine de chevaux pour un poids flirtant avec les 400 kilos, il ne faut pas espérer s’arracher les avant-bras à chaque coup de gaz.

Embrayage, accélérateur, freins, levier de vitesse, commodos : un sidecar présente les mêmes commandes qu’une moto. Mais la comparaison s’arrête là. En effet, un trois-pattes ne se pilote ni comme une bécane, ni comme une voiture, ni comme un quad d’ailleurs. Un sidecar se conduit comme un sidecar, c’est vraiment unique.

Et même si – à de rares exceptions près – un permis A suffise à légalement pouvoir conduire un attelage, il est bien souvent nécessaire de passer par la case stage initiation. Mais alors, qu’est-ce-qu’il y a de compliqué ? Et bien, si tu penses que trois roues = stabilité, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’occipital. Rouler en sidecar nécessite de jouer avec la physique, et notamment les transferts de masse. On s’explique...

Comment le sidecar réagit-il en ligne droite ?

Petite précision : en France, les paniers sont montés à droite de la moto. C’est l’inverse au Royaume Uni, Australie, Inde, bref, là où l’on roule à gauche. En ligne droite, le panier se comporte comme un poids mort. En effet, cette 3ème roue du carrosse est freinée mais pas motrice (sauf rares exceptions). Ainsi quand tu accélères, tout l’attelage aura tendance à tirer à droite. Ceci est dû à l’inertie du panier. Au moment du freinage, l’effet inverse se produit. La baignoire essaie de dépasser la bécane ce qui emmène tout l’ensemble vers la gauche. Donc oui, inévitablement, un sidecar tire à droite à l’accélération et à gauche au freinage. C’est intrinsèque à sa conception.

Comment prendre les virages en sidecar ?

Alors, aller tout droit, c’est bien, mais on peut imaginer avoir envie de tourner. Comment ça se passe ? C’est là que ça devient marrant. En virage à gauche, il faut réussir à « emmener » le panier sur la bonne trajectoire. C'est-à-dire pousser sur le guidon suffisamment pour vaincre l’inertie de ce poids mort et faire virer l’ensemble. Oui, conduire un sidecar peut être un brin physique, selon les modèles.

Mais le véritable piège est ailleurs : le virage à droite. En effet, l’équilibre devient alors précaire. Pourquoi ? Et bien, la force centrifuge va exercer un transfert de masse, délestant le panier. Au mieux la roue se soulève, au pire (cas extrême), la baignoire passe par-dessus la moto. Une figure libre qui a deux issues : un tout-droit en épingle sans gravité - si ce n’est un caleçon à changer - ou un retournage en bonne et due forme. Voilà ! d’où le stage d’initiation....

En résumé ? Piloter un sidecar, c’est jouer avec la physique.

Et tant qu’on maîtrise, c’est amusant, voire carrément grisant, mais comme en moto à deux roues, c’est nettement moins marrant quand on finit dans le fossé. Le maître-mot : humilité.

Voilà, nous espérons que cet article t’aura permis d’y voir un peu plus clair dans ce monde obscur des sidecaristes. Un dernier mot en guise de conclusion ? Outre l’aspect très terre à terre, rouler en trois-pattes, c’est aussi une philosophie. Découverte, entraide, goût pour le voyage, le sidecariste aussi partage cet esprit motard qui nous est cher. Alors à 2 ou 3 roues, qu’importe le véhicule pourvu qu’on ait l’ivresse de la route !