Comment préparer une course moto d'endurance en tout-terrain ? Michel prépare la Gibraltar race

Salut les riders, c'est Michel ! Connais-tu mon passe-temps quand je ne suis pas au bureau ? Je me lance des challenges moto tels que le Hard Defi Tour, le Moto Tour en Zundapp 50 ou encore la Transitalia. Là j'ai mis la barre encore plus haut, car le 18 Juin 2023, je participerai à la Gibraltar Race, Iberian Ring. Une course d'endurance tout-terrain à moto de 12 jours à travers l'Espagne et le Portugal. Quelle est ma préparation pour cette épreuve ? Je te révèle toutes mes techniques :

Pour reprendre les mots des organisateurs, c'est un challenge aventure à moto. Cette course d'endurance se déroule sur 12 jours, avec quotidiennement 400 à 500 bornes à parcourir. Selon les années, le tracé comporte 50 à 60 % d'off-road. Endurance est donc vraiment le bon terme car il faut savoir gérer son effort sur 12 jours !

La Gibraltar est avant tout une course de régularité. C'est-à-dire que l'on doit respecter un temps donné pour effectuer les liaisons et les spéciales (les épreuves de la journée). Tu arrives à la bourre ? Pénalités. Tu arrives en avance ? Pénalités.

Enfin, c'est aussi un exercice d'orientation. À chaque spéciale, tu dois franchir tous les points de passage donnés (waypoints). C'est donc à toi de préparer correctement ta navigation pour ne pas en louper un et ainsi éviter une pénalité.

Il y a un certain moment déjà, j'ai découvert via Facebook, Dominique Durussel, un bon pilote suisse qui a affronté ce challenge en XR400. Puis, il y a eu aussi Jmi, un blogueur, qui a décidé de se lancer sur un coup de tête ce défi suite à la rémission de son cancer.

Au fil des années, j'ai suivi avec intérêt chaque édition. Mais le déclic a vraiment été l'an dernier quand les copains de Trail Attitude y étaient avec la Team Rev 2 Roues. C'était la première équipe française à y participer... Alors cette année j'ai fini par craquer.

Quelle est ma préparation pour la partie navigation ?

Être à l'aise en orientation est aussi important qu'être bon techniquement à bécane. N'y connaissant pas grand chose, j'ai fait appel à Yann Duprey de Trail Attitude. C'est vraiment un super gars ! Ayant déjà participé à la Gibraltar, il sait de quoi il cause. Il a eu la gentillesse de me prendre en main pendant 3 jours afin de me livrer tous les secrets de navigation pour relever ce challenge : le matériel à posséder, le paramétrage de ma tablette sur Osmand, la lecture de la feuille journalière, le traçage des spéciales,... Il m'a préparé des liaisons et des spéciales dans le Morvan afin de mettre en pratique ce que j'avais appris en théorie. Un immense merci ! Ce "stage" était pour moi indispensable pour partir plus serein sur une telle épreuve.

Quel est mon entraînement physique pour ce défi sportif ?

Lors du Hard Defi Tour, certaines gamelles étaient clairement dues à la fatigue physique ainsi qu'au manque d'endurance. Avec la Gibraltar race, je passe de 2 à 12 jours d'épreuve ! Mon corps doit être paré. J'ai repris la musculation (1h tous les 2 jours avant d'aller bosser) et j'ai renforcé ma routine course à pied et vélo.

A ce stade, je fais encore trop de chutes. Il faut encore que je m'améliore. De plus, la T7 est une vraie enclume à relever... Bref, c'est un cercle vicieux : plus t'es rincé, moins t'es lucide, plus tu tombes, plus t'es rincé, etc. Et ça, je voudrais l'éviter. Mon seul objectif ? Finir la course dans la meilleure condition physique possible.

Comment progresser techniquement à moto ?

De la boue, du technique, du roulant, de la caillasse, je vais en prendre plein les bras. Alors, je m’entraîne avec le peu de temps que j'ai de dispo : j'essaye d'améliorer ma technique moto. Pour progresser en lent ? Je me suis initié au trial. Bon, ma première expérience m'a valu une fracture d'un os de la main au nom bizarre mais je persévère ! Je suis même aller rouler pour le fun avec mon TTR sur un terrain de cross. Bon, il y a encore du boulot...

Ensuite, une autre difficulté m'attend lors de la course : la conduite sur sable. Il est certain que nous y aurons droit après Lisbonne ou dans le sud de l'Espagne. Comment améliorer ma technique sur cette surface si particulière ? L'année dernière, j'avais beaucoup appris lors d'un stage chez David Frétigné. Mais bon ça fait un bout de temps, et puis entre ce que j'ai pratiqué lors du stage et la réalité de la course, il y a une marche. Un point essentiel à approfondir : mon positionnement sur la bécane. Que ce soit sur sable ou boue, il faut que j'arrive à maintenir l'adhérence sur la roue arrière et cela passe par une bonne position sur la moto. Ainsi tous les week-ends je roule en essayant de varier les terrains afin de travailler différentes postures sur la moto. Et oui, la Gilbratar Race, c'est plus de 5000km sur des types de revêtements variés. Être polyvalent est indispensable !

Quid des stages off-road ? J'aimerais en faire mais la problématique est le manque de temps. Je roule déjà tous les week-ends. Je n'ai pas encore le don d'ubiquité.

Préparation de ma Yamaha T700 pour la Gibraltar Race

Sachant que je roule très régulièrement en tout-terrain, ma bécane est déjà bien équipée. Sabot, pare-carter, crash-bars, suspensions Ohlins... tout est en place.

La spécificité de ce challenge ? La navigation. Ainsi nous avons monté une tête de fourche Moto Boxer pour pourvoir installer mon dispositif de guidage. Celui-ci comprend une tablette Tab Active 3 et deux chronos : un à la journée et un pour les spéciales.

Côté moteur ? Avec seulement 11 000km au compteur, pas besoin d'y toucher. Et puis, il faut reconnaître qu'il marche très bien ce CP2. Par contre, nous allons opérer une révision totale de la moto. En préventif, nous changerons des roulements, des pièces d'usure ainsi que le kit chaîne par exemple.

Le point important ? Réfléchir aux solutions pour éviter ou rendre moins galères les crevaisons. J'envisage de monter une béquille centrale, des chambres à air renforcées ou bien des pneus bib-mousse. C'est une mousse ultrarésistante dont la densité remplace la pression de l’air dans un pneu. Impossible de crever ! La béquille centrale reste l'option que je privilégie pour l'instant car j'ai peur que le Bib même sur l'avant fonde très vite. Sa position centrale basse ne modifie pas le comportement de la bécane, mais esthétiquement ce n'est pas terrible.

Enfin, je teste actuellement une sacoche de selle Givi pour transporter mes affaires de la journée et quelques pièces détachées. J'ai aussi fixé une boîte à outils Givi sur le côté de la bécane. Il faut que je finalise exactement ce dont j'ai besoin.

Anticiper les crevaisons et les petites réparations

En cas de pépin mécanique en cours d'épreuve, l'organisation peut transporter ta bécane jusqu'au prochain bivouac mais cela implique de manquer des points de passage et de perdre des points.

J'emporterai de quoi réparer une crevaison, une petite trousse à outils pour les petites casses et ainsi que quelques pièces de rechange comme des leviers, sélecteur, et pédale de frein.

Les indispensables ? Les colliers plastique et le scotch US. C'est tout simple mais ça peut te permettre de rallier le bivouac. J'aurai aussi une trousse de premiers secours pour les bobos du pilote.

L'idée principale est évidemment d'éviter de tomber. Il faut aussi que je sois consciencieux sur la navigation, et surtout que je gère mon stress pour rester concentré à fond sur la conduite. Déjà pour éviter la casse mécanique ou d'éventuels bobos et m'économiser physiquement. Est-ce-que je suis prêt pour la Gibraltar Race ? Pas vraiment ! Mais, disons que je suis sur la bonne voie. Et à l'heure où j'écris ces lignes, il me reste un mois pour finaliser mon entraînement. Je suis large !

Il me reste aussi à sélectionner l'équipement motard que je porterai pour cette épreuve qui devra combiner protection, souplesse et confort. Ça t’intéresse ? C'est le sujet de cet article.