Nos derniers préparatifs avant le début du raid moto de la Gibraltar Race

12 jours d'épreuves chronométrées, 500 bornes quotidiennement, 50 à 60% en offroad, voilà le programme qui m'attend lors du raid moto de la Gibraltar Race. Comment pimenter cette épreuve déjà bien épicée ? En se gaufrant lourdement à moto 3 semaines avant la course !

Après t'avoir parlé de la préparation de la bécane et mon entraînement physique pour cette course, il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Au programme de cet article ? Mon état d'esprit pré-course, les derniers préparatifs, leurs aléas et l'ultime briefing à J-1. Bonne lecture !

Pour reprendre les mots des organisateurs, c'est un challenge aventure à moto. Cette course d'endurance se déroule sur 12 jours, avec 400 à 500 km à parcourir quotidiennement. Selon les années, le tracé comporte 50 à 60 % d'off-road. Endurance est donc vraiment le bon terme car il faut savoir gérer son effort sur 12 jours !

La Gibraltar est avant tout une course de régularité. C'est-à-dire que l'on doit respecter un temps donné pour effectuer les liaisons et les spéciales (les épreuves de la journée). Tu arrives à la bourre ? Pénalités. Tu arrives en avance ? Pénalités.

Enfin, c'est aussi un exercice d'orientation. À chaque spéciale, tu dois franchir tous les points de passage donnés (waypoints). C'est donc à toi de préparer correctement ta navigation pour ne pas en louper un et ainsi éviter une pénalité.

Vendredi 16 Juin

Après moult péripéties, nous prenons enfin la route en direction San Sebastian en Espagne. Dans quelles conditions suis-je ? Mentalement, je suis rincé. La charge de travail en ce moment est énorme avec la préparation des Ixtem Games, la gestion des soldes, la réparation de la bécane sous pression, etc... Oui, tu as bien lu : réparation de la bécane. Comme si « simplement » préparer cette course n'était suffisant, j'ai chuté à moto il y a 3 semaines lors d'un retour d’entraînement tout-terrain dans le Cantal. Rien de mieux qu'une glissade involontaire sur une plaque de goudron fondu pour ruiner à la fois la monture et le pilote !

Et physiquement ? Ce n'est pas mieux. Je me suis fait très mal à l'épaule. J'ai enchaîné les rendez-vous chez les toubibs. Un vrai ascenseur émotionnel. À l’échographie, on me dit que l'épaule est fracturée, au scanner, la fracture a disparu, puis à l'IRM, elle réapparaît. Finalement, j'ai eu le droit à des infiltrations pour soulager la douleur le temps de l'épreuve. Bref, j'ai connu mieux...

Quid de la bécane ? La T700 est de nouveau opérationnelle ! Nous avons fini la préparation/réparation hier à 18h. On est large ! Dernière taquinerie du destin ? L'alimentation électrique de la tablette. Pas de jus, pas de navigation. Ça aurait été un peu dommage pour une course d'orientation. Mais, tout va bien qui finit bien, nous sommes prêts !

Ce matin, nous partons sur les coups de 11h. Bruno est mon camarade dans cette aventure. C'est aussi l'homme courageux qui devra m'aider (subir ?) à relever et pousser ma moto après mes chutes. Nous faisons halte vers Bordeaux, chez Aurélien, le boss de SW-Motech qui nous a gentiment hébergés. Nous voulions éviter de dormir à l'hôtel en laissant les bécanes sur remorque dans un parking la nuit. Nous sommes donc le 16 Juin : les motos sont prêtes et les pilotes à peu près en forme.

Samedi 17 Juin

La petite surprise ce matin ? Nous nous sommes rendu compte au petit-déjeuner que nous avions une journée d'avance sur le planning. Les inscriptions ont lieu demain et pas aujourd'hui ! C'est plutôt une excellente nouvelle vu notre état de fatigue. Une journée farniente va faire un bien fou  Comment se fait-il que nos deux cerveaux combinés se soient planté d'un jour ? Nous y voyons deux interprétations : nous étions trop pressés et impatients, ou alors carrément trop rincés et à la masse !

Aujourd'hui, nous descendons doucement sur San-Sebastian, pour voir si y a déjà du monde et profiter de l'après-midi pour nous détendre.

Dimanche 18 Juin

La team est au complet ! Enfin, presque. Nos camarades d'Axuri Trail nous ont rejoint. Malheureusement, nous ne serons que 5 sur 6 car Vincent a chuté le même week-end que moi. Sauf que pour lui, le bilan est nettement plus lourd : double fracture du pied et rupture du talon d'Achille.

Contrôle administratif ? Ok. Contrôle technique ? Ok. Contrôle médical ? Euh... disons que les docteurs tiquent un peu lorsque je leur annonce que j'ai une épaule dans le sac. Je les rassure en leur disant que c'est arrivé il y a "longtemps", qu'il n'y avait rien de « cassé » (selon le scanner) et que des infiltrations avait été réalisées. Sous les yeux inquiets du toubib, je reçois quand même le précieux coup de tampon me permettant de me lancer dans la course.

Tu l'auras compris, je ne pars pas sous les meilleures hospices. Je vais donc devoir être particulièrement vigilant à mon état de fatigue physique. Je redoublerai de prudence pour ne pas aggraver la situation, l'idée étant de rouler en binôme avec Bruno pour se soutenir et s'économiser en cas de chute. Bon, ça va le faire. Je pars confiant.

Prochaine étape ? Trier les affaires. Il faut savamment préparer son barda avec ce que j'emmène avec moi sur la bécane, les affaires du lendemain qui sont transportées dans une malle par le véhicule de l'organisation et enfin ce qui va dans le 4x4 d'assistance d'Axuri Trail. Il ne faut pas se planter ! Une fois lancés dans la course, il sera trop tard pour me rendre compte que le matos en cas de crevaison n'est pas avec moi sur la moto. Pour rappel, faire appel au véhicule d'assistance de l'organisation implique évidemment de louper des points de passage et donc de prendre des pénalités.

Concernant la météo, il fait très lourd, hyper chaud. Il y a eu de l'orage hier, les pistes risquent donc d'être détrempées. Et il devrait pleuvoir demain pour le premier jour de course. Pas terrible donc.

18h, briefing

En Espagnol, en Italien et en Français. Les organisateurs reviennent sur le déroulement de la course. La nouveauté cette année ? Les trackers/loggers ont été remplacés par des téléphones. Ils vont servir à la fois pour nous géolocaliser, valider nos passages par les waypoints et aussi pour contacter les médecins en cas de chute. Ça reste une innovation assez étrange, nous verrons à l'usage si cela a du sens.

Demain, les départs débutent à 08h00. Étant le numéro 34, je partirai donc à 08h34. L'objectif pour moi est de réussir à rouler avec Bruno pour s'épauler en cas de pépin. Roule-t-on à la même allure ? Nous le découvrirons bientôt.

Demain 19 juin est le Jour J : c'est le départ du raid moto enduro de la Gibraltar race 2023 ! Honnêtement, je suis encore soumis à plein d'interrogations : vais-je être à la hauteur physiquement ? Mon épaule va-t-elle tenir le coup ? Serais-je au point sur la navigation ?

Je te propose de vivre avec moi cette aventure, en te racontant mes journées d'épreuve à travers une petite série d'articles. Mon objectif ? Terminer ce challenge. Et accessoirement, si je finis en un seul morceau, ce sera pas mal !