Voyage moto sur les pistes du Sud du Maroc avec les copains (EP3)

Nous voilà rendus au troisième et dernier épisode sur notre voyage moto au Maroc. 10 jours de road trip entre potes sur les pistes du sud du pays. Des paysages magnifiques, des villages charmants, un accueil chaleureux, des pistes galères, un embrayage cramé, un super moment dans un garage du bled,… Que peut-il encore bien nous arriver ? Je te raconte tout ça. (lire le premier épisode – le deuxième épisode) Bonne lecture !

Marrakech - Essaouira

Si je te dis Mogador, la cité des alizés ou encore la Saint-Malo marocaine, situes-tu notre destination ? Essaouira, diantre ! J'adore vraiment l'énergie qui se dégage de cette ville alors je suis archi-pressé d'y arriver. Les motos - et les pilotes - commençant à fatiguer, nous décidons donc de continuer l’alternance route et piste. C'est un mix qui nous convient bien. Nous partons de la trace GPS que nous avions préparé en France et que Greg retouche à la volée pour limiter les transferts longuets sur bitume. Résultat ? Encore une fois, nous nous régalons. Ça roule vite, mais nous restons vigilants car les cailloux sont piégeux et ils attaquent bien les pneus. Attention, ça ne nous empêche pas de profiter des paysages !

Aujourd'hui aussi, nous pouvons admirer toute leur diversité. Ils changent sans arrêt. D'ailleurs, il n'y a pas que les décors qui évoluent, les températures aussi. Nous sortons même les polaires, tu te rends compte ? Il faut dire qu'après les 44 degrés affrontés dans le désert, repasser à 24 nous fait tout bizarre.

Entre Marrakech et Essaouira, je repense à ce qu'un ami m'avait dit avant de partir : "tu verras, au Maroc, plus ça va, plus les pistes se transforment en route". Mouais, bah j'en étais plutôt arrivé à la conclusion inverse. C'est-à-dire qu'ici, le bitume n'est pas entretenu. Alors inévitablement, ça se dégrade. Comment réagissent les motos ? Me concernant, je touche du bois. Mon embrayage de brousse tient le choc. Chez Greg, ce n'est pas tout à fait la même : ses roulements de roue ont du jeu. Même constat sur la KTM de Jean-Michel qui affiche seulement 13 000 km au compteur. Après, il faut bien avouer qu'on les maltraite un peu.

Perdu dans mes pensées, je ne vois pas les bornes défiler et nous arrivons déjà à Essaouira. Quelle ambiance géniale ! Nous posons les motos, puis partons à la découverte de la Medina pour déguster de bonnes petites crêpes marocaines. Nous voilà téléportés en Bretagne. Cela n'a rien à voir avec des crêpes bretonnes dans la réalité, c'est des Msemen, des galettes à base de semoule et d'huile. C'est délicieux. D'ailleurs, sais-tu pourquoi cette ville est surnommée la Saint-Malo marocaine ? À cause de ses remparts. La ressemblance est frappante. En même temps, l'architecte qui a dessiné la ville était un urbaniste français doublé d'un fervent admirateur de Vauban.

Essaouira - Essaouira

L'objectif d’aujourd'hui ? Se faire plaisir sur une petite boucle off-road de 160km. Greg s'attèle à modifier notre trace dégotée sur Wikiloc pour qu'elle ne comporte plus aucune section sur route (en vacances, il est allergique au bitume). Nous débutons alors sur une superbe piste, un poil technique, mais tout à fait faisable en gros trail. Au loin, nous pouvons voir la mer se dessiner. Simplement magnifique ! Puis, finalement, nous l'atteignons. Enfin, pas tout à fait car une dune infranchissable nous en sépare. Comment faire ? Nous nous évertuons à dénicher un accès praticable, en montant et descendant des sentiers escarpés, parfois en mono trace jusqu'à trouver un passage. Accessoirement, toutes ces grimpettes sont assez techniques, ce qui me vaut de taper le pieds droit sur une gros pierre et de me blesser le petit orteil, surement une fracture, c'est une partie sensible de mon anatomie que je casse souvent. Cela ne m'empêche pas rouler. Un peu plus, loin dans une autre grimpette, je crève de l'arrière, un cailloux saillant ou un bout de ferraille à raison de ma chambre à air Michelin hyper renforcée. Il nous faudra 30 minutes pour changer la chambre avec les copains. Un chrono honorable, non ?

Bref... Greg et Jean-Michel dénichent le spot parfait pour rejoindre le rivage. Enfin... parfait, tout est relatif. En effet, le sable est tantôt trop mou, tantôt trop humide. Il faut donc savoir le "lire" pour ne pas se tanker. Me concernant, je joue la sécurité en restant sur mon promontoire. Et ouais, j’ai cramé un embrayage il y a quelques jours, alors je me la joue tranquille. Au sommet de la dune, je m'improvise photographe, immortalisant mes compagnons d'aventure faire les zouaves en bord de mer. Ça me va très bien. Retour à Essaouira par la route où nous trouvons un resto servant vin et bière. Alléluia après 10 jours de diet !

Essaouira - Tanger

Le programme de cette dernière journée est rude : 700 bornes pour rallier Tanger. Et si les premiers kilomètres sur nationale sont d'un ennui sans nom, cela devient plus folklo une fois sur l'autoroute. Chèvres au milieu de la route, véhicules en rade, piétons attendant d'être raccompagnés, cyclistes sur la BAU, j'en passe et des meilleurs. Résultat ? Le temps passe assez vite. Nous rallions finalement Tanger où, pour une raison obscure, nous devons repasser par la case paperasse pendant 2 heures. S'en suit une heure d'attente pour enfin grimper dans le ferry. Plus que 38 heures et nous serons de retour au bercail ou presque car il nous restera pour Radu, Jean-Michel et moi prés de 800 km d'autoroute pour rejoindre la région parisienne.

On s'arrêtera chez Greg pour la nuit. Andrea, son épouse, nous accueillera comme des princes venus de contrées lointaines. Greg en profitera pour changer les roulements de la roue avant de la 890 de Jean-Michel et de mon côté je remets mes roues avec des pneus plus civilisés pour attaquer cette dernière étape de notre voyage.

Et les bécanes dans tout ça ? Pour rappel, nous sommes partis uniquement avec des européennes. Me concernant, l'embrayage de la katoche n'aura pas résisté au désert de sable marocain. Il n'avait d'ailleurs pas non plus tenu lors de la rando des deux mondes organisée par Trail Attitude. Étrange, non ? À part ça, je ne compte plus les vis qui se desserrent avec les vibrations. Toutefois, rien de méchant pour une meule de 2011 avec plus de 70 000 bornes à son actif !

Pour la KTM de Jean-Michel, les roulements de roue sont HS et le kit chaîne est rincé. Et pourtant, elle n'affiche que 13 000 km au compteur. Mais ? Il en a une utilisation presque exclusivement off-road. Même bilan pour Greg et sa Tiger : roulements de roue à remplacer. En même temps, quand tu vois ce qu'il fait avec sa Triumph, c'est hallucinant ! Il est vraiment un excellent pilote. La seule mauvaise surprise ? En partant d'Essaouira, il s'est aperçu qu'il manquait 1 l d'huile dans le carter. Cela nous aura valu une chasse au trésor d'une heure pour dénicher le précieux liquide en plein Aïd. Quelle moto tire son épingle du jeu ? L'Aprilia de Radu. En effet, l'Italienne ne présente aucun signe de faiblesse, de quoi faire taire les mauvaises langues sur la fiabilité des motos transalpines.

Après ces dix jours d'aventure marocaine, qu'est-ce-que j'en retiens ? Qu'est-ce-qui m'a marqué le plus ? D'abord, j'ai été épaté par l'incroyable diversité des paysages. Alors, je sais, je me répète un peu, mais cela m'a vraiment impressionné. On passe du désert de sable à la végétation exubérante en seulement quelques centaines de kilomètres. Sur les derniers jours notamment, j'ai été émerveillé par le contraste entre les environs luxuriants de Tanger avec ses oueds à flot et l'aridité du désert de M Hamid. Surprenant !

Ensuite ? Partout où nous sommes allés, nous avons reçu un accueil incroyable. Que ce soit lorsque nous sommes arrivés à 23h à notre hébergement, ou bien quand il a s'agit de faire transporter ma bécane dans un pick-up, les marocains ont fait preuve d'une bienveillance formidable. J'ai hâte d'y retourner mieux préparé pour surfer le sable de Chegaga et traverser le lac asséché d'Iriki. 

Bon, alors, évidemment, j'ai un regret : ne pas avoir pu explorer certaines régions de ce pays magnifique. En fait, ces 10 jours m'ont donné une envie folle de revenir pour approfondir mes découvertes. Il y a pire comme regret, non ?

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Crédit photo : Jean-Michel, Greg et Radu. Les photos avec aspect kodak chrome sont les miennes. Il faut que je change de téléphone :)