Comment faire la réfection des étriers de frein de ta moto : notre tutoriel

Bichonner sa moto dans la chaleur de son garage a de multiples bienfaits. On y apprend la patience, la minutie, on y enrichit son lexique de noms d’oiseaux et on montre à quel point on tient à sa bécane. Dans cette optique, nous te proposons aujourd’hui un nouveau tutoriel détaillé : comment refaire ses étriers de frein. L’objectif ? Retrouver un freinage optimal et allonger la durée de vie de ses plaquettes, tout en communiant avec sa dulcinée à deux roues.

Poussière, impuretés, crasse : tes étriers en prennent plein la tronche. De plus, à chaque freinage, les résidus de garniture s’accumulent sur les pistons formant une croûte qui les empêchent de coulisser librement. Une bonne réfection n’est donc pas du luxe, mais bien une opération de maintenance normale.

Ceci étant dit, quels sont les symptômes indiquant qu’il est temps de se retrousser les manches ? Déjà, il y a le ressenti. Freinage moins efficace, perte de mordant, levier de frein un peu mou du genou : toutes ces sensations doivent te mettre la puce à l’oreille.

Alors le feeling c’est bien, mais heureusement il existe aussi des signes physiques qui ne trompent pas. Si à l’arrêt, ta moto grince quand tu la pousses, cela signifie qu’un piston est grippé. Il ne revient plus en place. Ta moto freine donc en continu. Pas top pour la longévité de ton disque et de tes plaquettes. En parlant de plaquettes, sont-elles usées asymétriquement ou de biais ? Cela peut indiquer que la pression exercée dessus n’est pas uniforme. Les pistons d’étrier ne coulissent plus librement. Place au démontage !

Une réfection d’étrier est une opération très simple ! Cependant, elle réserve une part de surprise. En effet, elle peut prendre 30 minutes si tes pistons sont plutôt propres jusqu’à deux heures si ils sont bien grippés. Dans ce cas, il est recommandé de potasser son dictionnaire de jurons avant de se lancer.

Liste d'outils pour rénover les étriers de frein

Clés Allen de bonne facture, brosse métallique, jeu de clés plates, soufflette, extracteur de joint ainsi qu’une seringue pour prélever le liquide de frein dans le bocal. Les meuleuses, massues et autres découpeurs plasma sont à garder loin des yeux pour ne pas se laisser tenter sous le coup de l’énervement.

Super important : le liquide de frein étant fort acide, il faut éviter de s’en tartiner les doigts ainsi que d’en répandre partout sur sa bécane. Prévois donc une paire de gants ainsi que pléthore de chiffons.

Liste de pièces détachées pour rénover les étriers de frein

Concernant les pièces de rechange, tu as deux options : le kit de réfection complet ou l’achat « à la carte ». Dans ce cas, il faudra te munir de joints spi de piston, de joints cache-poussière, de plaquettes neuves (si les actuelles sont usées bizarrement), de soufflets pour les étriers flottants et de liquide de frein neuf pour réaliser un éventuel complément.

Allez, on se lance. L’objectif ultime de cette manipulation ? Extraire les pistons pour pouvoir récurer tout ça. Plus facile à dire qu’à faire qu’en le tout est grippé jusqu’à la moelle. Au passage, nous te recommandons vivement de potasser notre premier article concernant l’anatomie de l’étrier avant de te lancer dans son effeuillage charnel.

1 - Démonter l’étrier de frein

Généralement, seules deux vis maintiennent le corps à la fourche. Il te suffit donc de les dévisser pour extraire l’étrier.

2 - Vidanger le liquide de frein

On commence par ouvrir le couvercle du bocal sur le guidon pour en prélever le précieux liquide. La seringue se révèle être l’outil idéal pour cette opération.

Tu peux ensuite démonter la durite de frein qui est raccordée sur l’étrier en dévissant son raccord Banjo (il présente une forme particulière rond d’un côté, droit de l’autre, ce qui apparemment lui vaudrait son curieux sobriquet). Garde quelques chiffons à proximité car le liquide encore présent dans la durite va gentiment te couler sur les doigts. Ton étrier est maintenant complètement désolidarisé de la moto.

----> Raccord de frein (banjo) Braking acier 45° M10

3 - Sortir les plaquettes de frein

Il suffit d’ôter les éventuelles goupilles puis de dévisser les axes sur lesquelles les plaquettes coulissent. On en profite pour les inspecter. Sont-elles usées en biais ? Sont-elles vitrifiées ? Un côté est rincé, mais pas l’autre ? Si toutes les réponses à ce QCM sont oui, alors il était grand temps de se lancer dans la réfection de ton étrier.

4 - Séparer le bloc en deux (uniquement si ta moto est dotée d’étriers flottants)

Comme nous l’avons vu dans le précédent article, il existe deux types d’étriers : fixe ou flottant. Dans le premier cas, les pistons fonctionnent en face à face, alors que dans le second, ils ne sont situés que d’un côté de l’étrier. Pour ces modèles, il faut séparer la mâchoire (partie du bloc abritant les pistons) de la patte (le morceau qui réalise le maintien sur la fourche). Généralement, il suffit de tirer sur les deux éléments pour les séparer sans forcer.

5 - Sortir les pistons de l’étrier

Les choses marrantes commencent maintenant. Pourquoi ? Cette opération peut prendre 10 minutes si le système est « propre » comme 2 heures s’il est grippé.

• 1ère méthode : Simplement extraire les pistons des cylindres avec les doigts. Si si, ça peut fonctionner, ce n’est pas un mythe. Tu peux aussi te servir d’une pince plate pour gentiment les pincer et les déloger ou encore mieux d’une pince démonte-piston !

• 2ème procédé : En se servant d’air comprimé. Pour cela, il te suffit de connecter ta soufflette (branchée sur ton compresseur) soit à la place du raccord banjo, soit de la vis de purge. L’air sous pression prend la place du liquide de frein et pousse les pistons hors de leurs cylindres. Attention à ne pas laisser les doigts traîner n’importe où car ledit piston peut sortir soudainement comme un bouchon de champagne. Tu peux mettre un chiffon ou du papier journal à la place des plaquettes pour éviter qu'il ne vole à travers ton garage ou dans tes yeux.

• 3ème technique : Grâce à la pression hydraulique. Pour faire simple, il suffit de reconnecter la durite de frein, de remettre du liquide dans le bocal et de pomper sur le levier jusqu’à ce que le piston sorte.

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Si ton étrier de frein est doté d’un unique piston alors l’opération est simpliste. Mais comment faire lorsqu’il y en a deux, quatre, ou même 6 ? Il faut alors se creuser les méninges pour trouver un moyen de tous les amener simultanément en fin de course. En effet, dans cette position spécifique, ils sont faciles à extraire et ils conservent leur fonction de bouchon – ce qui permet de faire coulisser les autres sous la pression.

Serre-joint, douille et étau, doigts d’un enfant pas sage : tout est bon pour bloquer un piston en butée. Notre méthode préférée ? Caler une clé plate à la place des plaquettes. Le piston le moins grippé va sortir en premier. Puis en continuant à exercer de la pression, le 2ème va suivre le mouvement, et ainsi de suite. Rassure-toi, c’est la seule étape compliquée de ce tutoriel.

6 - Inspecter les pistons

Maintenant, il s’agit de déterminer si tes pistons sont encore viables . Comment savoir ? S’ils présentent une surface sans aspérité, lisse et brillante, alors c’est tout bon. Tu peux simplement les astiquer en les frottant avec de la paille de fer et du nettoyant frein. Par contre, si tu notes des traces de corrosion, des déformations anormales ou bien s’ils sont marqués, alors il est temps de les remplacer.

7 - Extraire les joints d’étanchéité (joints spis)

Lors de la réfection des étriers, il est indispensable de monter des joints neufs. Rien de plus simple pour les extraire, il suffit de les déloger de leurs gorges. 

L’outil fantastique pour ça ? Le chasse-joint. Il s’agit simplement d’une tige métallique avec une extrémité pointue et courbée pour venir attraper le caoutchouc. Tu n’as pas cet outil en stock ? A défaut, tu peux opter pour un tournevis plat très fin ou encore une pointe à tracer.

----> Extracteur de joint spy / torique DRAPER

Attention, il existe une petite subtilité selon les modèles d’étrier. Ils présentent presque tous un joint spi ET un cache-poussière. Cependant, ce deuxième larron est parfois situé dans le cylindre (dans une encoche à côté du joint spi), parfois à l’extérieur (coincé entre le bloc de l’étrier et les plaquettes).

8 - Récurer les encoches et nettoyer les cylindres

Si tes pistons étaient grippés, alors il y a fort à parier pour que les encoches de joints spi le soient aussi. Comment les nettoyer ? Munis-toi d’une brosse métallique (soit à main, soit en embout de visseuse) pour gratter et déloger toutes les impuretés présentes dans la gorge.

A l’aide de nettoyant frein et de la même brosse métallique, tu peux nettoyer l’intérieur du cylindre pour enlever les éventuelles traces de rouilles présentes au fond et sur les parois. Attention à ne pas les abîmer en y allant comme un bourrin. On finit avec un coup de soufflette pour évacuer les impuretés et le tour est joué.

9 - Installer de nouveaux joints

Que faut-il changer systématiquement sans se poser de questions ? Les joints de piston et les cache-poussières. Et pour les pistons eux-mêmes ? Ça dépend de leur état. Si tu as acheté un kit de réfection, tu trouveras aussi un capuchon de vis de purge neuf, des rondelles cuivre pour les raccords banjo ainsi que très probablement des nouveaux soufflets (uniquement pour les étriers flottants).

On commence par mettre en place les joints spi. Au préalable, tu peux les badigeonner de liquide de frein ainsi que la gorge. On présente ensuite le piston. Il faut qu’il soit parfaitement droit quand on le rentre dedans. Besoin de forcer pour l’insérer dans le cylindre ? Alors arrête tout de suite et on récure à nouveau.

Pour les étriers flottants, pense à remonter des soufflets neufs et à graisser les axes où glisse la patte de frein sur la mâchoire.

Et enfin, on peut installer les plaquettes en ayant pris soin de graisser les tiges sur lesquelles elles coulissent. Faut-il obligatoirement monter un jeu neuf lors d’une réfection ? Oui, si elles sont usées anormalement, car sinon les pistons ne vont pas travailler dans l’axe.

10 - Remontage sur la moto

Avant de remettre l’étrier en place, on vérifie que tous les pistons soient bien complètement rentrés dans les cylindres. En effet, les plaquettes neuves présentant des garnitures épaisses, il faut libérer un maximum d’espace sans quoi le disque ne pourra pas s’insérer dedans. Une fois en place, tu n’as plus qu’à visser les deux vis de fixation à la fourche et à reconnecter la durite de frein grâce au raccord Banjo.

11 – Remettre liquide de frein

Remplir le bocal avec du DOT 4 ou 5.1 et évacuer l’air du circuit grâce à la vis de purge.

Voilà, tes étriers sont comme neufs ! Tu viens d’ajouter une corde à ton arc de motard mécano. Tu te demandes comment bichonner davantage ta meule ? Comment lui montrer toute l’affection que tu lui portes ? Alors, va jeter un œil à nos autres tutoriels mécaniques : entretenir ses pneus, faire sa vidange moteur, prendre soin de son kit chaine, les sujets ne manquent pas.

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